Le SNPEH publie ce CP de la Société Française de Néonatologie (SFN) et du CNP de Pédiatrie, partenaires du SNPEH auxquels il apporte tout son soutien tant l’urgence est grande
Un constat alarmant
La mortalité infantile en France augmente depuis 2012, à rebours de la tendance observée dans la majorité des pays européens. Cette hausse est entièrement imputable à l’augmentation de la mortalité néonatale (entre 1 et 27 jours de vie), qui représente désormais plus de 70 % des décès avant un an.
En comparaison européenne, la France est passée de la 3ème à la 23ème place en une décennie, avec environ 1 200 décès en excès chaque année en comparaison des pays les plus performants.
Ces décès concernent principalement les nouveau-nés prématurés, population particulièrement vulnérable, dont la survie dépend directement de la qualité des soins critiques.
Les causes les plus fréquentes de décès néonatals dans les pays occidentaux sont bien identifiées :
- la prématurité et ses complications ;
- les malformations congénitales ;
- les complications graves de l’accouchement (en 3ème position seulement).
Ces pathologies nécessitent toutes une prise en charge spécialisée dans des unités de réanimation néonatale ou de soins intensifs : les soins critiques néonatals. Or, ces services sont aujourd’hui dans une situation très dégradée.
Une crise structurelle des soins critiques néonatals
- Les soins critiques néonatals sont toujours régis par les décrets de périnatalité de 1998, alors que les soins critiques adultes et pédiatriques ont été réformés en 2022.
- Le capacitaire est insuffisant et mal réparti : les taux d’occupation dépassent régulièrement les 90 %, bien au-delà du seuil de sécurité recommandé (85 %). Cela entraîne des refus de transferts pour les nouveau-nés en détresse dans un quart des services. Ces tensions entraînent des conséquences en cascade sur tout le réseau périnatal régional : la capacité et la qualité des soins critiques néonatals conditionnent directement la sécurité de toutes les naissances dans le bassin de vie qui lui est rattaché.
- Le sous-effectif infirmier est préoccupant, avec des ratios en vie réelle bien en deçà des standards européens. Ce déficit est encore plus marqué lorsque l’on tient compte de la lourdeur des soins. Des études internationales, notamment au Québec, ont montré que le sous-effectif infirmier, combiné à un taux d’occupation élevé, augmente significativement la mortalité et la morbidité des prématurés.
- Les effectifs médicaux sont également en tension : près de trois quarts des services ont au moins un poste vacant, et 80 % peinent à assurer la permanence des soins.
- Les ressources pour les soins de support (psychologues, kinésithérapeutes, soutien aux familles) et les missions transversales (infirmiers formateurs, référents soins de soutien au développement) ne sont pas du tout organisées faute d’être mentionnées dans les décrets de 1998.
Un angle mort des politiques publiques, une réforme sans obstacle technique ni politique
- Pas d’évaluation nationale depuis la mise en place des décrets de 1998 ;
- Moins de moyens : la France consacre 40 % de moins par jour à un lit de réanimation néonatale qu’à un lit de réanimation adulte ;
- Pas d’obstacle politique : la question des soins critiques néonatals est complètement indépendante du sujet des maternitésquelle que soit leur taille ; les réformes nécessaires ne remettent pas en cause les maternités, ni leur nombre ni leur répartition, notamment celles de type 3 ;
- Les professionnels, représentés par la Société Française de Néonatologie, sont mobilisés, ont réalisé un état des lieux exhaustif et proposent des solutions concrètes.
Recommandations urgentes
La dégradation des soins critiques néonatals contribue probablement de manière significative à l’augmentation de la mortalité infantile en France. Une réforme urgente et ambitieuse de l’organisation des soins critiques néonatals est nécessaire pour inverser cette tendance préoccupante.
- Mettre à niveau l’organisation des soins critiques néonatals sur le modèle des décrets de 2022 des soins critiques adultes et pédiatriques.
- Réviser les effectifs en fonction de la charge en soins réelle, garantir la présence de personnels pour les soins de support et sanctuariser des postes pour les missions transversales.
- Rééquilibrer le capacitaire pour garantir des taux d’occupation sûrs (<85%).
- Fidéliser les équipes par des mesures sur les gardes, la formation et la reconnaissance.